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De retour en Lozère, David Flayol (FI142 · 1994) relance la vigne et les cépages oubliés
Un article publié dans La Lozère Nouvelle

20 mai 2025 Portraits d'anciens
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David Flayol, avec sa compagne Valérie, est revenu sur les terres d'une histoire familiale. 
Petit à petit, pareillement à la manière de faire son nid. Cet ancien élèves de l'Ecole des Mines d'Alès, qui a œuvré dans le monde du BTP, a sorti sa première cuvée, c'était en amateur, dès l'année 2011. 

Le virus a pris jusqu'à son installation comme conjoint collaborateur auprès de Valérie qui est agricultrice en titre depuis 2013. 

La viticulture est une activité de diversification de l'exploitation agricole. Mais avec une volonté farouche de bien faire et de progresser. La preuve : en 2015, de nouvelles plantations sont venues courir la montagne de Molezon. L'extension de l'aire géographique de l'IGP Vins des Cévennes  à la Lozère est vue comme un atout supplémentaire dans la manche des vignerons locaux dynamiques dans le processus de développement local. 

Que change pour vous, vignerons, l'extension de l'aire géographique IGP vins des Cévennes ? 

Cela permet à toute installation viticole d'avoir une meilleure visibilité commerciale, une aide de l'IGP Cévennes grâce à sa présence dans les grands salons de vins français et sur tout une reconnaissance d'un terroir oublié, en Lozère et particulièrement dans le sud. L'IGP Cévennes est très intéressée par nos cépages patrimoniaux, d'origine américaine pour certains ou hybrides (croisement naturel ou dirigé par des pépins de raisins) ou même inconnus. 

 

L'INAO, Instance nationale de sélection des appellations, s'est déplacée en 2022 chez nous et aux domaines de Cabridelles et Gabalie. Ils ont été impressionnés par la qualité des vins et leur spécificité. Malgré peu de surface plantée (moins de 10ha à cette date), ils ont rapidement validé la projet d'extension de l'aire en voyant le potentiel agricole et qualitatif. 

 

L'IGP Cévennes propose plus de 90 variétés de cépages et laisse donc libre cours à ka biodiversité, ce qui est rare pour un catalogue d'IGP. Par exemple, ils ont identifié par leur ADN deux vignes oubliées : négret de La Canourgue (présent au domaine de Gabalie) et le noir d'Aujaguet (Aujac 30). 

 

Parallèlement, ils portent une démarche de reconnaissance des cépages américains, injustement interdis en 1934 auprès des instances européennes et ministérielles. Ces cépages ont existé en solution d'une maladie ravageuse apparue en fin du XIXe, le phylloxéra. Etant des plants directs, ils se sont transmis très facilement et ont gagné les territoires montagneux en France. Malgré les demandes d'arrachage, les paysans cévenols les ont gardées pour leur consommation personnelle. Aujourd'hui, ces vins ne sont plus de la piquette, dixit Jean Ferrat, mais des vins (ou jus de fruits fermentés pour être en accord avec la réglementation) originaux et recherchés pour leur goût si particulier. De nombreux pays européens et américains utilisent toujours le Clinton, Isabelle, Othello, Baco et autres. En 2027, de nouvelles directives doivent être négociées à Bruxelles et nous espérons porter ce sujet sur la table. 

Quelles sont les caractéristiques de ce terroir en terrasses et quelle place les vins produits peuvent-ils avoir dans un marché très concurrentiel ? 

Nous avons tous récupéré, retravaillé des terrasses au parcelles orientées sud ou sud-est à une altitude de 300m à 500m. Il a fallu refaire un certain nombre de murs de soutènement pour garder la terre. De fait, le sol est drainant (schiste pour les Cévennes et calcaire pour la vallée du Tarn). Cela donne des vins frais, léers et très particuliers, suivant les méthodes de vinifications. Nous travaillons tous au minimum en Bio mais certains réalisent des vins dits Nature (très peu de sulfites en bouteille) de très bon niveau. On constate également une demande de vins avec un taux d'alcool plus faible (inférieur à 12°), ce qui est naturellement obetnu chez nous (altitude et choix des cépages). 

Tout cela produit une gamme originale et cela crée ude la différenciation, facteur très important en matière commerciale. Par ailleurs, les quantités produites inférieurs à 50 000 bouteilles pour le moment n'entrent pas encore dans le marché concurrentiel. Tout est vendu dans l'année. 

Reproduire du vin dans un moment où la consommation baisse de manière continue, n'est-ce pas une utopie d'entrepreneurs rêveurs ? 

La consommation décroît depuis plus de 20 ans, principalement en rouge et sur les vins premier prix. La qualité de nos vins lozériens justifie un prix plus élevé ( le minimum doit être à 8€) et surtout assure la pérennité de nos exploitations très faibles en termes d'hectares plantés (maximum 5 ha pour certains). Les traitements sont rares du fait de l'utilisation de matériel végétal résistant aux maladies type mildiou, oïdium et black-rot. Vous voyez donc que le rêve est mûrement étudié et tout le monde reste prudent. 

 

Nous n'atteindrons pas les niveaux de prix des Bourgogne ou vins du Jura mais cette filière propose une alternative à l'élevage ou la castaneiculture. Le faible potentiel de foncier agricole en Cévennes permet une installation sur quelques hectares, ce qui est difficile pour d'autres types de culture. 

Parmi les nouvelles installations, beaucoup de petits-enfants d'anciens paysans du pays. Que doit-on voir ou entendre à travers ce retour à la terre ? Une volonté de reconstruire un rapport à la nature authentique comme jadis ? 

Vous avez certainement en partie raison. La viticulture conventionnelle a montrée ses limites tant du côté des producteurs avec maladies (génétiques ou cancers de toutes sortes) très présentes dans ce milieu là que dans la consommation plus qualitative. 

 

Nos Cévennes apportent un terroir naturellement sain et son image est très positive. Les nécessaires évolutions agricoles liées au dérèglement climatique nous imposent de trouver des solutions. L'altitude, le respect du vivant, la fraicheur du climat estival, la pluviométrie, la résistance aux maladies sont les paramètres de recherche dans le monde du vin. Nous entrons complètement dans ce secteur et les jeunes pasionnées et professionnels du métier ne se trompent pas en venant expérimenter tout cela en Lozère. 

Parmi les cuvées proposées :

  • Olive 2022 (Blanc) : issu à 90 % du cépage hybride Villard, ce vin révèle une belle minéralité et des arômes de fruits exotiques, signature d’un terroir d’exception.

  • Julien 2021 (Rouge) : un assemblage de Syrah et Merlot (80 %) complété par du Baco et du Jacquez. Un vin puissant, frais, aux notes de fruits rouges.

  • Oméga 2022 : élaboré à partir de cépages résistants, reflet de la volonté d’innovation du domaine.

📍 La Rouvière Haute – 48110 Molezon, France
📞 +33 6 98 48 32 62
📧 valerie.flayol@sfr.fr




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